Le job de mes rêves – Épisode 7
Nielson économisa pratiquement toute sa vie pour ne pas vivre au crochet de ses parents. Il accumula ainsi les jobs d’été et autres boulots qui lui rapportèrent au final un sacré pactole. Lorsqu’il obtînt sa licence de chauffeur de taxi, il fit immédiatement l’acquisition d’une magnifique Audi A5 qui lui servirait de voiture de fonction pour remplacer son vieux tacot qu’un ami lui avait donné au lieu de la donner au ferrailleur.
Épisode 7 – Le réparateur
Jour 12 – 14h10 – Chez le garagiste :
Les trois colocataires entrent dans le garage où se trouve le taxi de Nielson.
Nielson – Ilbert ! Comment vas-tu ? Ça faisait longtemps.
Larry, doucement à Mathilde – Ilbert ? C’est un nom ça ?
Mathilde, doucement à Larry – Et Nielson, tu crois que c’est un nom ?
Larry – Pas faux.
Nielson – Commencez pas, vous deux. Voici Ilbert, mon garagiste attitré.
Un homme un peu grassouillet s’avance et leur tend la main.
Ilbert – Ravi de rencontrer les amis de Nielson.
Mathilde – Garagiste attitré ? Ça ne m’étonne même pas.
Larry – Tu dois souvent faire appel à lui tellement tu conduis mal.
Mathilde – Des fois, il se croit dans le film Taxi.
Larry – Mais il est loin d’être aussi doué et aussi rapide.
Ilbert – J’y croyais pas, mais ils sont bien comme tu me les as décris.
Nielson, désespéré – Je te l’avais dis.
Larry – S’il parle en mal de nous, il a tort.
Nielson – Assume que tu es un con.
Larry – Ah ! Mais je suis un con. C’est juste que t’es pas obligé de le dire à tout le monde.
Mathilde – C’est bien que tu le reconnaisses. C’est le premier pas vers la guérison.
Larry – Tu es pareille je te signale.
Mathilde – Ah ! Mais pas du tout.
Nielson, insistant – Si, tu l’es.
Mathilde – Mais je vous emmerde.
Larry – Oui, tu nous emmerdes.
Mathilde – Pfff ! Inutile ta remarque.
Larry et Mathilde continuent de se chamailler.
Ilbert, regardant le spectacle des deux hurluberlus – C’est toujours comme ça ?
Nielson – Nan, là ils sont calmes. Tu devrais les voir lors des soirées.
Ilbert – Rappelle-moi de ne jamais accepter une invitation à une de vos soirées.
Nielson – J’avais pas l’intention de t’en proposer.
Ilbert, outré – Ça a le mérite d’être clair.
Nielson – C’est pas contre toi. C’est que j’ai trop d’estime pour toi pour t’infliger ça, ou pire, te transformer en eux.
Ilbert – Merci de penser à mon bien-être.
Larry, regard sadique – Nan, amène-le, ce sera marrant un peu de chair fraiche.
Ilbert – Non merci, ça ira.
Nielson – Tiens vous avez fini.
Mathilde – On a jamais fini.
Larry – Mais là on fait une pause.
Mathilde – Il est trop faible, il a besoin d’une pause.
Larry – C’est toi la faible.
Mathilde – Quelle répartie !
Larry – Attends un peu, tu vas voir ce qu’elle va te dire ma répartie.
Ils recommencent à se chamailler.
Nielson – Je me disais aussi, ça avait pas duré longtemps.
Ilbert – Et tu vis avec eux ? Comment tu fais ?
Nielson – On s’habitue vite en fait. Ça fait des années que je me les coltine.
Ilbert – Et ben ! T’as du courage.
Nielson – Allons voir le taxi le temps qu’ils finissent.
Nielson et Ilbert se dirigent vers le taxi.
Ilbert – Nielson, je suis toujours heureux de réparer ton taxi.
Nielson – Parce que tu me soutires beaucoup d’argent à chaque fois ?
Ilbert – Non, bien sûr que non. C’est parce que c’est une belle mécanique.
Nielson, fier – J’avoue, je suis content d’en avoir fait l’acquisition.
Ilbert – Elle est mieux que ton ancienne.
Nielson – La vieille R5 ? Jamais personne n’aurait voulu monter dans un taxi qui ressemble à une R5.
Ilbert – On est d’accord. Tu l’as toujours ?
Nielson – Bien sûr, dans mon garage personnel.
Ilbert, intéressé – Je vois, et tu comptes en faire quelque chose ?
Nielson – Toi tu veux des pièces détachées.
Ilbert, essayant de paraître innocent – Pas du tout.
Nielson – Je te vois venir. De toute façon, je la garde.
Ilbert, déçu – D’accord ! Dommage.
Larry et Mathilde les rattrapent.
Mathilde – Vous êtes parti sans nous.
Nielson – Vous aviez l’air très occupés.
Larry – C’est pas une raison pour nous laisser en plan.
Nielson – Bah si, justement.
Ilbert – Abordons le sujet important.
Larry – Enfin, on va connaître l’état du taxi.
Mathilde, d’un air désespéré – C’est grave, docteur ?
Ilbert – Non, pas tant que ça, c’est juste superficiel.
Larry, d’un air inquiet – Et il en a pour combien de temps de convalescence ?
Ilbert – Je dirais deux semaines.
Mathilde, d’un air rassuré – Merci docteur, je sais que vous avez fait tout ce que avez pu.
Nielson – Donc ça veut dire que…
Ilbert – Oui, tu es au chômage technique pour deux semaines.
Nielson, contrarié – Merde…
Larry – Ah ! T’es au chômage. Comme moi.
Nielson – Oui, mais seulement pour deux semaines.
Mathilde – Vous allez devoir vous supporter pendant deux semaines 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Vous allez y arriver ?
Larry et Nielson, désespérés – Les deux pires semaines de ma vie.
Ilbert – Ils s’apprécient vraiment ?
Mathilde – Oui, oui. C’est leur manière de s’aimer.
Ilbert – C’est… particulier.
Larry, discrètement – Dites, si je vous file un pot de vin, vous pouvez pas accélérer les réparations.
Ilbert – Non, désolé.
Nielson, intrigué – Et avec quel argent tu comptes faire un pot de vin ?
Larry – Bah ! Le tien.
Nielson – Ça m’aurait étonné.
Ilbert – Tu veux un véhicule de remplacement ?
Nielson, surpris – Pourquoi faire ? Je vais pas bouger de chez moi.
Ilbert – Pour continuer ton travail en attendant.
Nielson – C’est gentil, mais je ne travaille pas sans ma voiture.
Ilbert – Comme tu veux.
Larry – Pourquoi t’as pas accepté ?
Nielson – J’ai des travaux personnels à finir. Autant en profiter.
Mathilde – Travail personnel comme un travail sur soi ? Tu vas essayer d’arrêter d’avoir un caractère de merde ?
Nielson – Ce serait plutôt pour Larry ça.
Mathilde acquiesce.
Larry – J’ai pas un caractère de merde.
Nielson – Tu ne convaincs personne là.
Larry – Je me suis convaincu moi, c’est suffisant.
Mathilde – Pauvre ignorant !
Nielson – Il ne verra jamais la lumière.
Ilbert – Bon, je vous laisse, je dois m’occuper de mes autres clients.
Nielson – Quoi ? Tu aides d’autres que moi ?
Ilbert, moqueur – Et oui, tu n’as pas assez de problèmes pour me faire vivre à toi tout seul.
Mathilde – Qui l’eut cru ?
Ilbert – À une prochaine fois !
Ilbert s’éloigne.
Mathilde, attendant qu’il soit loin – J’espère bien, on t’en a pas encore fait bavé.
Larry, ayant un éclair de lucidité – Eh ! Mais j’y pense. Mathilde, tu devais pas bosser aujourd’hui ?
Mathilde – Comme tu dis, je « devais ».
Nielson – À force de jouer avec le feu tu vas te brûler.
Mathilde – Je vole près du Soleil mais mes ailes ne sont pas de cire.
Larry, les regardant avec des yeux ronds – J’ai pas compris.
Mathilde – Ça veut dire que je ne risque rien.
Nielson – Référence à Icare, si tu avais un peu de culture tu le saurais.
Larry, hésitant – Ah ! Je le savais. Vous me prenez pour qui ? Je ne suis pas ignare moi.
Mathilde, pouffant – C’est hilarant quand tu te donnes en spectacle comme ça.
Nielson – Mais n’empêche Mathilde, tu vas pas pouvoir continuer comme ça, tu es sur la sellette.
Mathilde, confiante – Je sais ce que je fais, t’en fais pas.
Nielson – C’est toi qui vois, mais tu diras pas qu’on t’a pas prévenu.
Larry – Si elle se fait virer, je me marre.
Mathilde – Mais ça n’arrivera pas.
Nielson – On verra.
Mathilde, contrariée – Bon, vous me faites chier avec ça, on rentre.
Larry – On a qu’à prendre un taxi.
Nielson le regarde d’un regard noir et mauvais tandis qu’ils sortent tous du garage pour rentrer chez eux.