Le job de mes rêves – Épisode 5

Lorsque Nielson annonça sa décision à ses parents de devenir chauffeur de taxi après 5 années d’études supérieures, ces derniers furent interloqués. Mais ils décidèrent tout de même de lui payer sa licence pour qu’il puisse pratiquer bien que Nielson eût été prêt à le financer lui-même par petits boulots respectifs. Ses parents, vivant dans un univers assez aisé, proposait souvent à Nielson de l’aider financièrement. Ce fut la première et seule fois qu’il accepta leur aide.

Épisode 5 – L’accident

Jour 11 – 16h45 – Dans l’appartement :

Nielson ouvre la porte, la referme et s’affale immédiatement dans la canapé. Larry et Mathilde, déjà présents, le regardent sans rien dire.
Nielson, dépité – Putain ! Je suis vraiment dans la merde.
Larry – À peine passé la porte que tu te plains déjà.
Mathilde – Il t’arrive quoi encore ?
Nielson – Le taxi est mort.
Larry, abasourdi – T’es sérieux ?
Mathilde, tout aussi étonnée – Il s’est passé quoi ?
Nielson – J’ai eu un accident.
Mathilde, inquiète – Et tu vas bien ?
Larry, moqueur – Nan, il a tous les os cassés mais il préfère venir nous prévenir en personne plutôt que de rester à l’hôpital.
Nielson – Je vais bien.
Larry – C’est ce que je viens de dire.
Mathilde, curieuse – C’est arrivé comment ?
Nielson – Un malade est passé au rouge et m’a foncé à pleine vitesse dessus. Heureusement, il n’a atteint que l’arrière de la voiture.
Larry – Et quel est le verdict ?
Nielson – Y’a pas eu de blessés.
Larry – Je voulais dire, pour la voiture.
Nielson – Elle est en réparation.
Mathilde – Y’en a pour combien de temps ?
Nielson, réfléchissant – Euh ! Quelques jours, voire quelques semaines.
Larry – Heureusement que tu es assuré.
Nielson – C’est clair. Mais ça va quand même me coûter.
Mathilde – Et ça revient cher ?
Nielson, avec un haussement d’épaule – Pas vraiment, mais moi qui voulais m’acheter une nouvelle guitare, je vais devoir attendre.
Larry, petit sourire en coin – Cool ! Il va pas nous casser les oreilles pendant quelques temps.
Mathilde – T’oublies qu’il en a déjà une.
Larry, déçu – C’est vrai, mince.
Nielson – En plus, en attendant je peux pas bosser.
Mathilde – C’est clair. Pauvre de toi, passer tes journées à ne rien faire. Subir des vacances forcées. Quel calvaire !
Nielson, ricanant – Tu te sentiras moins seul Larry.
Larry – Tu oublies que j’ai un job maintenant.
Mathilde, surprise – Ah ! Ils ont rappelé ?
Larry – Pas encore mais ça devrait pas tarder.
Nielson, relativisant – Ouais, donc techniquement tu es encore au chômage.
Larry, cassant – Toi aussi maintenant je te signale.
Nielson – C’est pas pareil, je suis dans l’incapacité d’exercer mon travail. Mais dès que mon taxi est réparé, j’y retourne.
Mathilde – Peut-être que tu devrais en profiter pour trouver un job… mieux.
Nielson – J’ai fini par m’habituer à ce taxi, j’ai pas spécialement envie de changer.
Larry – Dis tout de suite que tu peux pas, que tu seras jamais accepté ailleurs.
Nielson – Nan, c’est pas ça. Je vais quand même regarder au cas où, mais je suis pas motivé.
Le téléphone sonne.
Nielson – Téléphone !
Larry, euphorique – C’est pour moi, ça y est, j’ai un job.
Mathilde – Répond au lieu de te pavaner.
Larry – Allo ?
Mathilde, tapant en rythme sur ses jambes – Roulement de tambour.
Nielson – Je peux aller chercher mon djembé pour en faire un vrai.
Larry – Mais fermez-là. Nan, pas vous monsieur, désolé. Alors, je l’ai ce job ?
Mathilde – Ce serait quand même bien qu’il l’ait. Il passerait moins de temps ici.
Nielson – Et on l’entendrait beaucoup moins.
Mathilde – C’est le moment de vérité.
Larry – Oh ! D’accord. Je comprend. (s’énervant) En fait, non je ne comprend pas. C’est inadmissible. Je vais boycotter vos courts-métrages et je dirais à toutes mes connaissances de faire de même.
Mathilde – Une chance pour eux qu’il n’ait pas beaucoup d’amis.
Larry – Et je ne vous dit pas « au revoir ». Adieu monsieur !
Larry raccroche. Nielson applaudit.
Nielson – Alors là, chapeau ta prestation.
Larry, contrarié – Pas de commentaires je te prie.
Nielson – Je suppose que tu n’as pas eu le job.
Larry – Tu crois ? Qu’est-ce qui t’a mis sur la piste ?
Nielson – Un peu tout je dois dire.
Mathilde – Il s’est passé quoi en fait?
Larry – Ils ont pas voulu de moi. Ils ont dit que je donnais l’impression de m’intéresser trop peu à ce travail, qu’ils préféraient quelqu’un de plus… passionné, et par conséquent que je ne serais pas fait pour ça. Pour un job d’assistant… Ils sont sérieux ?
Nielson – Ils ont pas tort non ?
Larry, n’admettant pas ce rejet – Là n’est pas la question.
Mathilde – Là est toute la question. Si tout ce qu’ils te reprochent est fondé, tu n’as pas à te plaindre.
Larry – C’est que des prétextes tout ça. Et puis ils ont dit que j’avais fait une mauvaise première impression à l’entretien.
Nielson – Tu l’avais bien ressenti pourtant, non ?
Larry – Ben ouais, ça s’était bien passé. Bon, j’avais fait une ou deux erreurs mais dans l’ensemble ça allait. Je comprend pas pourquoi ils ont pas voulu de moi.
Mathilde, relativisant – Ça arrive.
Nielson – Tu vas chercher un autre travail ?
Larry – Y’a tellement d’injustices dans le monde du travail que je préfère rester dans le canapé.
Mathilde, baissant les yeux – Ça, c’est un prétexte.
Larry, mentant – Je plaisantais bien sûr. Je recommencerai à chercher demain.
Mathilde – Ne jamais remettre à demain ce qu’on peut faire le jour même.
Larry – On croirait entendre ma mère.
Mathilde, avec un air sérieux – Larry, je suis ta mère.
Larry – C’est pas drôle.
Mathilde – Tiens, Nielson, tu ne dis plus rien.
Nielson, avec une enveloppe dans la main – Je consulte le courrier.
Larry – Je l’ai remonté tout à l’heure mais j’ai pas regardé ce qu’il y avait.
Mathilde – Tu aurais pu me prévenir.
Larry – Tu attends une lettre ?
Mathilde – Non. Mais c’est par principe.
Nielson – Tu n’attends peut-être rien mais y’a un courrier prioritaire pour toi.
Mathilde, étonnée – Ah ! Donne voir.
Nielson – Tiens.
Nielson tend l’enveloppe à Mathilde qui la prend et l’ouvre.
Mathilde – C’est une lettre de mon boulot.
Larry – Ils te veulent quoi ?
Mathilde, les yeux ronds – Hein ? C’est quoi cette histoire ?
Nielson – Il se passe quoi ?
Mathilde, froissant la lettre en serrant le poing – C’est une lettre de prévention, un avertissement. Quelqu’un s’est plaint de mon comportement. Donc désormais je suis en sursis, ils vont me surveiller. Au moindre faux pas, je suis virée.
Nielson – Oh ! Fait chier ça aussi.
Larry – Une idée de la provenance de la plainte ?
Mathilde, énervée – Je suis sure que c’est la vache. J’arrête pas de m’acharner sur elle.
Nielson – Forcément ! Il va falloir que tu te réfrènes.
Larry – Aussi dur que ça doit être pour toi.
Mathilde, désespérée – Je sais pas ce que je vais faire de mes pauses.
Nielson – Telle que je te connais tu vas te mettre à lire.
Mathilde – C’est fort probable.
Nielson – Prévisible.
Mathilde, avec un grand sourire – Je t’emmerde.
Larry – N’empêche, c’est une journée de merde. Vous vous rendez compte ? On se retrouve potentiellement à trois sans emploi.
Mathilde – Je suis pas virée encore.
Nielson – Et dès que mon taxi est réparé je reprend du service.
Mathilde – En fait, y’a que toi qui sois un minable.
Larry, les regardant d’un œil mauvais – Bande d’enfoirés !
Nielson – Tu l’as cherché.
Mathilde – C’est clair. Faut pas nous tendre des perches comme ça.
Nielson – Mais tu as raison sur un point, c’est une journée de malchance.
Larry – Et je connais qu’une chose pour aller contre ça.
Nielson – Une chanson ?
Mathilde – Un bon bouquin ?
Larry, non surpris – Je vous reconnais bien là, toujours à proposer les mêmes trucs.
Nielson – Et toi tu proposes quoi ?
Larry – Euh… un film.
Nielson – Bien ce que je pensais.
Mathilde – Ahem… je vous propose resto, puis ciné.
Nielson, acquiesçant – Ça me va.
Larry, se dirigeant vers la porte – Allez, on est parti.
Mathilde – Larry, il est 17h.
Larry, s’arrêtant net – Allez, dans deux heures, on est parti.
Nielson – C’est mieux.
Mathilde – On fait quoi en attendant ?
Larry, s’allongeant dans le canapé – Dormir.
Nielson – Je vais appeler le réparateur.
Nielson prend l’annuaire et le téléphone.
Mathilde, mettant son manteau – Euh… je vais sortir un peu.
Larry – D’accord.
Nielson – Reviens pas trop tard, n’oublie pas qu’on doit y aller à pied.
Mathilde – À tout à l’heure !
Mathilde sort de l’appartement en saluant ses colocataires pendant que ces derniers vaquent à leurs occupations.

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