Le job de mes rêves – Épisode 4
La passion pour le cinéma de Larry a été hérité de ses parents, sa mère étant comédienne et son père écrivant de nombreux scénarios qui ont donné certains films à succès. L’entretien qui suit déterminera si Larry suivra le même parcours professionnel que ses parents. Nielson et Mathilde l’accompagnent pour cette épreuve pour laquelle il n’est pas du tout préparé.
Épisode 4 – L’entretien
Jour 7 – 15h – Dans le taxi :
Les trois amis sont dans le taxi et se dirigent à l’entretien d’embauche de Larry.
Nielson – On est presque arrivé.
Mathilde – Tu te sens prêt ?
Larry, détendu – On ne peut plus prêt.
Nielson – Pas trop stressé ?
Larry – Pas le moins du monde.
Mathilde – Tu sais ce que tu vas dire ?
Larry – Je verrais bien.
Nielson, inquiet pour Larry – Tu es quand même trop calme je trouve.
Larry – Ça sert à rien de stresser.
Nielson – Y’a quand même des limites, on te croirait en vacances.
Larry – Mais je le suis.
Mathilde, cassante – Le chômage c’est pas des vacances.
Larry – Année sabbatique, pas chômage.
Nielson – Si tu continues comme ça, ça va y ressembler de plus en plus.
Larry, légèrement agacé – Bon, okay, puisque vous y tenez, dorénavant je dirai que je suis au chômage. Mais ça va encore moins plaire aux filles, par votre faute.
Mathilde – Enfin, il le reconnaît.
Nielson – Il aura mis le temps.
Larry – Vous êtes pénibles. Vous devriez me soutenir au lieu de me descendre. Sinon je vais foirer
l’entretien et je pourrais pas payer le loyer.
Nielson, sourire sadique – Oh si ! Tu vas le payer, tu vas trouver un moyen.
Larry – Tyran.
Nielson – Tout à fait. Ça te pose un problème ?
Larry – Non, pas du tout. Je me vengerai.
Nielson – Je t’attends de pied ferme.
Mathilde – On dirait une déclaration de guerre. Ça me plait.
Le taxi s’arrête devant un petit immeuble avec une grand double porte.
Nielson – On est arrivé, c’est le moment de vérité.
Un client s’approche du taxi.
Client – Bonjour, je voudr… Oh ! Il y a déjà quelqu’un, excusez-moi.
Le client s’éloigne, confus.
Nielson – Qu’est-ce qui lui prend à celui-là ?
Larry – Je te rappelle que tu conduis un taxi.
Nielson – Ouais mais…
Nielson regarde sur son tableau de bord.
Nielson – Ah ! D’accord. J’ai oublié d’éteindre le voyant qui indique que je suis en service.
Mathilde, désespérée – Boulet !
Nielson – Dans ce cas je vais vous facturer la course.
Larry, outré – Tu as pas intérêt.
Mathilde – Tu le feras pas. Même toi tu as tes limites à la fourberie.
Nielson, un petit sourire en coin – Effectivement, j’en ai. Mais vous êtes encore loin de les avoir vu.
Mathilde, curieuse – Ça m’intrigue, j’ai hâte de les voir.
Nielson, souriant – Peut-être un jour.
Larry – Je vais y aller sinon je vais être en retard.
Mathilde – On t’attend. On veut voir le résultat du carnage.
Larry – Les doigts dans le nez je vous dis.
Nielson – Bon courage !
Larry sort de la voiture et se dirige vers les portes du bâtiment.
Mathilde – Tu en penses quoi ? Il a une chance ?
Nielson – Excès de confiance. Et il a même pas voulu de mes conseils. C’est mal parti.
Jour 7 – 15h48 – À l’entretien :
Larry entre dans un bureau où est installé la personne qui lui fera passer son entretien.
Employeur – Bonjour, je vous en prie, asseyez-vous.
Larry s’assied.
Larry – Bonjour, merci. Vous allez bien ?
Employeur – Euh… oui, merci.
Larry – Je vous préviens je suis pas trop habitué à tout cela. C’est mon premier entretien d’embauche. Alors si je fais une erreur, prévenez-moi.
Employeur, haussant un sourcil – Ce n’est pas à moi de vous dire quoi faire et quoi dire, vous devez le savoir avant de venir ici.
Larry – Au temps pour moi dans ce cas. On fera au mieux, hein ?
Employeur, griffonnant quelques notes sur une feuille de papier – Ahem… bien sûr.
Larry, excité – Allez, première question, je vous attends. Je suis prêt.
Employeur – Calmez-vous, ce n’est pas une course.
Larry – Pardon.
Employeur – Avez-vous déjà travaillé dans le domaine de la cinématographie.
Larry, sûr de lui – Non, mais je suis un cinéphile. J’ai une grande connaissance du monde du cinéma. Je connais les films, les acteurs, les réalisateurs et même les scénaristes.
Employeur – Et dans le domaine des court-métrages ?
Larry – Je dois avouer que je n’y connais rien. Mais je peux très bien apprendre si c’est vraiment nécessaire.
Employeur – Savez-vous en quoi consiste le travail que nous offrons ?
Larry, hésitant – Pas vraiment, c’était pas très clair, mais vous pouvez m’expliquer.
Employeur – Il s’agit d’un travail d’assistant pour notre réalisateur le plus talentueux.
Larry – Et donc ?
Employeur – Et donc cela consiste à effectuer ses basses besognes, servir le thé, faire p…
Larry, intrigué – Le thé ? Il est britannique ?
Employeur – Non, il n’aime pas le café. Donc je disais, faire passer les messages qu’il veut transmettre à ses associés.
Larry – Comme tuer ceux qui se mettent en travers de son chemin ? Ce genre de message ?
Employeur – Du tout, non ne sommes pas dans un film.
Larry – On sait jamais.
Employeur – C’est parce qu’il déteste parler avec les producteurs. Il aime aussi avoir l’avis de ses assistants et quelqu’un qui connait le domaine est plus que recommandé.
Larry – Alors je suis tout à fait qualifié.
Employeur – Et prétentieux.
Larry – Et c’est bien payé ?
Employeur, le regardant d’un mauvais œil – Ahem ! Suffisamment. Mais ça ne vous intéresse de savoir pour qui vous pourriez travailler ?
Larry, désintéressé de la réponse – Ah ! Si, pourquoi pas. Qui est-ce ?
Employeur – Son nom est Hans Krunzberg.
Larry – Un allemand ?
Employeur – Hongrois, d’origine allemande. Il parle également l’anglais, et bien entendu le français.
Larry – Oh ! Impressionnant. Déjà que j’ai du mal avec ma langue natal.
Employeur – Question bateau, quelles sont vos motivations, vos ambitions ?
Larry – En fait, je cherche juste un job en attendant.
Employeur – Vraiment ?
Larry – Oui, à la fin de l’année je me tire et je vais dans un petit labo privé tranquille où je pourrai faire ce que je veux.
Employeur, écrivant à nouveau sur ses notes – Très bien, je le note.
Larry – J’espère que ce n’est pas préjudiciable.
Employeur, mentant – Non, pas du tout. Vous ne voulez pas du tout travailler dans le cinéma ?
Larry – Je vais peut-être vouloir faire un ou deux petits films comme ça pour le plaisir, mais professionnellement, ça pourrait être sympa mais j’ai mieux à faire.
Employeur – Mieux à faire ? Des exemples ?
Larry, fier de lui – J’ai un Doctorat en microbiologie je vous rappelle. Je peux changer la face du monde avec mes recherches. Faudrait pas voir à me sous-estimer.
Employeur, faussement impressionné – Je vois…
Larry – Mais le cinéma ce serait… disons… mon deuxième choix. J’adore quand même le milieu.
Employeur – Ça se voit tout de suite.
Larry – Une autre question ?
Employeur – Je crois que ce sera tout. J’ai entendu tout ce dont j’avais besoin d’entendre.
Larry, curieux – Alors ? J’ai le job ?
Employeur – Nous vous recontacterons.
Larry, insistant – Vous pouvez au moins me donner un idée.
Employeur – Je n’ai pas encore pris de décision.
Larry – C’est pour laisser le suspense pour les autres, je comprends. Bon, bah, à très bientôt ! Pour mon premier jour de boulot.
Employeur – Au revoir.
Larry se lève et sort.
Employeur, à lui-même – C’est pas possible des cas comme ça.
L’employeur prend le CV de Larry et le passe dans la déchiqueteuse.
Jour 7 – 16h15 – Dans le taxi :
Larry se dirige vers le taxi.
Nielson – Il arrive.
Mathilde – C’était rapide je trouve.
Larry entre dans le taxi.
Nielson – Ça s’est passé comment ?
Larry, sûr de lui – Trop facile. C’est dans la poche.
Mathilde, sceptique – Vraiment ?
Larry – Ouais, il savait même plus quoi dire tellement j’ai dû l’impressionner. Surement grâce à ma personnalité.
Nielson, se tenant la tête – Je crains le pire.
Mathilde – Et moi encore pire que le pire.
Larry, essayant de les rassurer – Mais nan, vous verrez.
Nielson – Je te parie que tu vas te planter.
Larry – Pari tenu. Je gagne quoi ?
Nielson – 100 euros. Et moi je gagne le droit de me foutre de ta gueule sans que tu n’aies le droit de rien dire, plus 50 euros bien sûr, j’ai aussi besoin d’argent.
Larry – C’est d’accord.
Mathilde – Larry, tu sais que tu as déjà beaucoup de dettes ? En plus je te rappelle que tu perds tout le temps quand tu fais des paris.
Larry, avec un grand sourire – Cette fois ce sera différent.
Mathilde – J’y crois pas un seul instant.
Nielson – Allez, on rentre, attachez vos ceintures.
Le taxi démarre en trombe.