Le job de mes rêves – Épisode 3

Nielson a toujours pu assouvir ses passions au maximum, que ce soit la musique ou le sport dans sa jeunesse ou les mathématiques dans ses études, mais il se lassait à chaque fois. Il décida de s’orienter vers une autre passion pour sa profession : la conduite. Il ne s’attendait cependant pas à ce que la conduite d’un taxi en ville lui offre autant de sensations fortes. Pendant ce temps là, Larry est fier comme un paon d’avoir décroché un entretien.

Épisode 3 – Le client fou

Jour 2 – 18h05 – Dans le taxi :

Un client monte dans le taxi.
Nielson – Bonjour ! Je vous amène où ?
Client, nerveux (pour toutes les répliques suivantes) – Pardon ?
Nielson – Vous voulez aller où ?
Client – À l’hôpital.
Nielson – Très bien, c’est parti. Un itinéraire préféré ?
Client – Le plus rapide.
Nielson – Vite fait, bien fait.
Client – Comme vous dites.
Nielson – Je peux vous le dire, j’aime les trajets les plus courts, ça me fait faire plus de courses.
Client – Vous pouvez vous concentrer sur la conduite ?
Nielson – Oh ! Monsieur est un nerveux, j’aime ça.
Client – Je… je… je suis pas nerveux.
Nielson – Vous allez faire quoi à l’hôpital ? Vous allez voir un proche ?
Client – Si on veut.
Nielson, ironique – Ahem… causant.
Client – Vous pouvez vous dépêcher ?
Nielson – Du calme mon vieux. Je peux pas aller plus vite, on est en ville.
Client – Vite, sinon ils vont nous rattraper.
Nielson, étonné – Qui ça ?
Client – Ceux qui sont après moi.
Nielson, intrigué – Qui est après vous ?
Client – Ils veulent me tuer.
Nielson, surpris – Quoi ? Vous avez prévenu la police ?
Client – Non, surtout pas malheureux. Ils sont avec eux. Je ne peux faire confiance à personne.
Nielson, sceptique – Ahem… je vois. Vous êtes bourré ?
Client – Pas du tout je suis totalement sobre.
Nielson – Drogué ?
Client – Non, pas du tout.
Nielson, insistant – Parano ?
Client – Au contraire, je suis lucide, clairvoyant, je les vois venir, je peux me protéger. Ils veulent m’empêcher de voir ma femme.
Nielson – Elle est à l’hôpital ?
Client – Oui, ils l’ont envoyé là bas. Ils ont déboulonné un boulon de son escabeau et elle est tombée. Ils sont très intelligents.
Nielson – Okay, je vois.
Client – Vite, ils sont derrière.
Nielson, relativisant – C’est juste une voiture noire.
Client – Mais ils ont tous des voitures noires.
Nielson – Vous êtes sur de pas vouloir vous rendre à la police ?
Client, calme – Vous êtes avec eux. C’est cela ? Je n’aurais jamais dû vous parler de tout ça.
Nielson – Mais nan, pas du tout voyons. Je m’inquiète juste pour vous.
Client – Je dois m’enfuir.
Le client ouvre la portière.
Nielson, paniqué – Mais qu’est-ce que vous faites ? Fermez cette portière.
Client – Vous ne m’aurez jamais, ahahahahah !
Le client saute de la voiture en marche.
Nielson – Oh merde ! Oh merde ! Il est complètement con, complètement fou. Dans quoi je suis allé me fourrer avec cette énergumène ?
Nielson arrête le taxi sur le bas-côté.

Jour 2 – 18h50 – Dans l’appartement :

Larry est assis dans la canapé. Mathilde fait les cent pas en regardant la porte.
Mathilde, impatiente – Il est où Nielson ? J’ai besoin de la voiture.
Larry – Il est surement tombé sur un bon client.
Mathilde – Il a intérêt à avoir une bonne raison d’être en retard.
Larry – Pas la peine d’être stressé.
Mathilde – Il a près d’une demi-heure de retard.
Larry – C’est pas la première fois.
Mathilde, inquiète – Il aurait appelé, il appelle tout le temps.
Larry – Tu t’inquiètes pour lui ou pour le fait de pas avoir la voiture ?
Mathilde – Pour la voiture évidemment. Qu’est-ce que tu croyais ?
Larry – Nan, je me demandais.
Mathilde – Je vais être en retard pour mon rendez-vous.
Larry, surpris – Tu as un rendez-vous ? Toi ?
Mathilde – Médical.
Larry, rassuré – Ah ! Je me disais.
Le téléphone sonne. Mathilde répond.
Mathilde – C’est lui. Allo ? Quoi ? Tu as envoyé un de tes clients aux urgences ?
Larry, souriant – Met le haut-parleur.
Nielson – … pas envoyé aux urgences, c’est lui qui a sauté de la voiture et il s’est cassé le bras. Il arrête pas de crier que quelqu’un veut le tuer. Il est fou. La police veut que je reste pour que je leur explique une nouvelle fois ce qui s’est passé. D’ailleurs, ils m’attendent, je vous laisse.
Mathilde – Attends ! Tu devais m’emmener.
Nielson – Bah ! Tu vas devoir te débrouiller toute seule, je peux pas venir.
Mathilde, embêtée – Et merde ! Bon, salut.
Mathilde raccroche.
Larry, rigolant – Il a le chic pour bien choisir ses clients.
Mathilde – Bon, j’y serai jamais à temps. Je dois appeler mon gynéco.
Larry – Gynéco ?
Mathilde – Pourquoi je te parle de ça ? Oublie.
Larry – Pas un problème.
Mathilde prend le téléphone et compose un numéro.
Mathilde – Allo ? Je suis bien au cabinet du Dr… Oui ? Je voudrais décaler mon rendez-vous d’aujourd’hui. Quoi ? Le Docteur est malade aujourd’hui ? (gênée) Non, je n’ai pas reçu de coup de fil pour me prévenir.
Larry, confus – Au fait, j’ai oublié de te dire, ton gynéco a appelé.
Mathilde, énervée – Oh ! Larry, tu m’énerves.
Larry – J’avais oublié.
Mathilde, embarrassée – Bon, merci mademoiselle, au revoir.
Mathilde raccroche.
Larry – Ben tant mieux pour toi en fait.
Mathilde – La prochaine fois, note le sur un post-it. Et accroche le n’importe où.
Larry – J’essayerai d’y penser.
Mathilde – Ça enlève le stress du retard au moins.
Larry, curieux – Pourquoi tu dois voir ton gynéco ?
Mathilde, rougit – Tu crois vraiment que je vais te répondre. Ça te regarde pas.
Larry, déçu – Dommage, je voulais un nouvel élément compromettant sur toi, pour le mettre dans ton dossier.
Mathilde – C’est justement pour ça que je t’en parle pas. Et… (surprise) t’as un dossier sur moi ?
Larry – C’est une façon de parler.
Mathilde – Mouais, ça m’étonnerait pas de trouver un gros dossier avec mon nom dans ta chambre.
Larry, mentant – T’inquiètes pas. Je suis pas comme ça.
Mathilde – Et pour changer de sujet, tu as pu obtenir des entretiens au Pôle emploi ?
Larry, fier – Et oui, qu’est-ce que tu crois ?
Mathilde – C’est une bonne chose. Il est quand ton entretien ?
Larry, réfléchissant – Je sais plus.
Mathilde – Et c’est où ?
Larry – Je sais plus.
Mathilde – Et pour quelle entreprise ?
Larry – Je sais plus.
Mathilde – Mais qu’est-ce que tu sais ?
Larry – Que ça a un rapport avec le ciné, la science et le hongrois.
Mathilde – Le hongrois ?
Larry – Oui, köcsög.
Mathilde – Pardon ?
Larry – C’est ce qui m’a permit d’avoir l’entretien.
Mathilde – Ce qui veut dire ?
Larry – Rien d’important.
Mathilde – Mais comment tu vas faire pour y aller si tu sais rien sur ton entretien ou ton futur employeur ?
Larry, désignant un endroit au hasard de l’appartement – Y’a tout de noté sur une feuille, quelque part dans le coin.
Mathilde, ironique – Et ben, quelle organisation.
Larry, n’ayant pas compris l’ironie – Tu as vu hein ?
Mathilde – T’imagines pas à quel point. En tout cas, c’est dans le domaine du cinéma, c’est pas mal.
Larry – Ouais.
Mathilde – Je t’attendrai jusqu’à la fin de ton entretien.
Larry, étonné – Pour me soutenir ?
Mathilde, pouffant de l’idiotie de la remarque de Larry – Pour me foutre de ta gueule si tu échoues.
Larry – J’en attendais pas moins.
Mathilde – M’enfin ça serait bien que chacun de nous ait un boulot.
Larry – Ouais, que je puisse payer le loyer. J’en ai marre de demander à Nielson de m’avancer.
Mathilde – C’est quand même une bonne poire.
Larry – Je dirais pas ça, parce qu’après il me le fait bien payer. Et je parle pas que d’argent.
Mathilde – Moi il me l’a jamais fait.
Larry, dégouté – Il est plus indulgent envers toi.
Mathilde – Il devrait pas. Je lui fais pas de cadeaux.
Larry – Je sais.
Mathilde, regardant l’horloge – Tiens, déjà la fin de la journée ?
Larry – Et oui, ça passe vite. J’ai loué un DVD, Reservoir Dogs, on le regarde ?
Mathilde – Nielson devrait rentrer bientôt, on l’attend pas ?
Larry – Bien sûr… que non.
Mathilde – Tu es un merveilleux petit enfoiré.
Larry, flatté – J’aime les flatteries.
Mathilde – Vas-y, lance le film.
Larry et Mathilde s’installent devant le film.

Tags: