Le job de mes rêves – Épisode 23
Tout le monde (ou presque) a rêvé d’avoir son nom en haut de la fiche. Pour Larry, ce sera bientôt le cas. Enfin, ce sera plutôt en tout petit, à la fin de générique. Mais c’est un début. Car d’autres choses suivront. Du moins, s’il ne gâche pas tout.
Épisode 23 – L’avant-première
Mercredi 22 Août – 20h – Dans la rue :
Larry cherche son chemin. Mathilde et Nielson suivent.
Nielson – C’est encore loin ?
Larry – Non, c’est tout près.
Mathilde – On va finir par arriver en retard.
Larry – On arrivera pas en retard.
Nielson – Je crois bien que tu es perdu.
Larry, agacé – Peut-être, mais vu qu’aucun de vous deux ne sait par où passer, je vais continuer à chercher.
Mathilde – Pas la peine de t’énerver comme ça.
Larry, reconnaissant le coin – Je crois que c’est par là.
Nielson, ironique – J’ai totalement confiance dans ton sens de l’observation.
Larry, pas complètement assuré – J’ai retrouvé mon chemin.
Mathilde – J’ai peur.
Larry – Faut pas.
Nielson – Mais on était obligé de venir ?
Larry – Oui.
Mathilde – J’espère que ce sera bien.
Larry – Et bien, c’est un docu-fiction scientifique. Alors ce sera forcément bien.
Nielson, sceptique – Forcément…
Ils tournent dans une rue où une file d’attente énorme se trouve devant un cinéma.
Mathilde – Ouha ! Tout ce monde. Je pensais pas que c’était aussi populaire.
Nielson – En tout cas, nous voilà arrivé à destination.
Larry, embarrassé – En fait, c’est pas le bon ciné. Y’a du monde parce que c’est le jour des nouvelles sorties.
Mathilde – Je me disais aussi.
Nielson – C’était trop beau.
Larry – Mais je me souviens que c’était un peu plus loin.
Mathilde – Nous voilà sauvé.
Nielson – Je regrette déjà d’être venu.
Larry – De toute façon tu n’as pas le choix.
Mathilde, à Nielson – C’est devenu un vrai dictateur.
Nielson, à Mathilde – Tu verrais comment il me martyrise.
Larry – Je crois qu’on y est presque.
Mathilde – Il était temps.
Ils tournent dans une nouvelle rue et se retrouvent près d’un petit cinéma ayant pour nom…
Nielson – Projecteur ?
Mathilde – C’est pas terrible comme nom.
Nielson – Je ne savais même pas qu’il y avait un cinéma dans le coin.
Mathilde – On est dans les tréfonds de la ville.
Larry – Ouais, mais on est arrivé.
Nielson – Donc ton film sera diffusé là dedans ?
Larry – Tout à fait !
Mathilde – Et bien ne perdons pas de temps.
Larry – Enfin, mon heure de gloire.
Nielson – Ah bon ? Ça dure qu’une heure ?
Larry – Bon, d’accord ! Mon heure et vingt minutes de gloire.
Les trois amis entrent dans le bâtiment… vide.
Mathilde – Y’a personne. C’est normal ?
Réceptionniste – Je suis là.
Une tête apparaît derrière le comptoir.
Réceptionniste – Vous êtes là pour l’avant-première ?
Larry – Oui, je suis l’ass…
Réceptionniste, désignant la porte à droite – C’est par là.
Larry – D’accord ! Merci.
Ils rentrent dans la petite salle de quarante personnes à moitié pleine (ou à moitié vide). Ils s’installent au premier rang, près du réalisateur.
Krunzberg – Larry, vous voilà. J’avais peur que vous ne veniez pas.
Larry – Jamais je ne me serais permis d’arriver en retard.
Krunzberg – Qui avez-vous amené ?
Larry – Des amis. Voici Mathilde.
Krunzberg, avec un clin d’œil – C’est une charmante compagnie.
Mathilde – Qui a plusieurs dizaines d’années de moi que vous.
Krunzberg, avec un autre clin d’œil – J’ai compris le message.
Larry, désignant Nielson – Et voici Nielson.
Krunzberg – Ravi de vous rencontrer.
Nielson, pas convaincant – Ouais, nous aussi.
Krunzberg – Vous connaissez mon travail ?
Nielson – Pas vraiment.
Mathilde – Non plus, mais je m’en fous.
Larry – Mais toi tu es entêtée.
Krunzberg, gêné – Je ne veux pas créer de tensions.
Nielson, le rassurant – Ne vous en faites pas, c’est normal.
Krunzberg, perplexe – Curieuse relation.
Larry – On est comme ça entre nous.
Krunzberg – Très curieux.
Nielson, curieux – Et quel est le scénario du film ?
Krunzberg – J’ai l’impression que vous pensez que ce film est comme tous les blockbusters.
Larry – Il ne comprend pas notre travail.
Krunzberg – Mais je suis sûr qu’il peut. Tout le monde le peut.
Larry, faisant non de la tête – Celui là est irrécupérable.
Krunzberg – D’ailleurs, Larry, des clients viendront la semaine prochaine.
Larry – Il faudra bien les accueillir je suppose.
Krunzberg – Bien entendu. Ils vont peut-être nous offrir le plus gros projet de ma vie.
Larry – Je vois.
Les lumières s’éteignent.
Krunzberg – Le film va commencer. Visionnage.
Larry, à ses amis – Maintenant vous la fermez.
Nielson – On sera des tombes.
Mathilde – Ou des carpes.
Le film commence. Le silence tombe.
Mercredi 22 Août – 21h50 – Dans la salle du Projecteur :
Le film se termine. Le générique défile.
Larry, impatient – Allez, je veux voir mon nom.
Mathilde – Si ça se trouve ils t’ont oublié au générique.
Nielson – Ils ont mis Larry ?
Larry – Nan, ils ont pas voulu.
Sur le générique arrive en petit, dans les remerciements, le nom Lawrence Alchart.
Mathilde – Te voilà.
Nielson – Ta mère pourra être fière de toi.
Larry, fier – Mon premier film.
Mathilde – Attends, tu as pas fait grand chose.
Larry, grommelant – Me casse pas mon bonheur.
Nielson – Maintenant on attend que tu en fasses un vrai.
Larry – Mais sinon vous en avez pensé quoi ?
Mathilde, sincère – Nul.
Larry – Vraiment ?
Nielson – J’ai pas tout compris.
Larry – Vous avez pas aimé ?
Mathilde – Pas du tout.
Krunzberg – Pourquoi cela ? Vous auriez des suggestions ?
Nielson, gêné – Non, pas du tout.
Mathilde, sans gêne – J’ai failli m’endormir.
Larry, sentant le problème – Bon, je crois qu’on va y aller.
Nielson – Bonne idée ! Mathilde va finir par parler trop.
Mathilde – Je ne fais que dire ce que je pense.
Larry, contrarié – Oui, bah tu le fais un peu trop.
Mathilde – Mais je t’emm…
Nielson, lui mettant la main devant la bouche – Va pas foutre Larry dans la merde.
Larry – Allez, vite. On se tire.
Les trois amis se sauvent en vitesse.
Krunzberg – Ils sont étranges ces jeunes.
Mercredi 22 Août – 22h05 – Dans la rue :
Larry regarde Mathilde droit dans les yeux.
Larry, énervé – Tu m’énerves.
Mathilde, l’ignorant – Je m’en fous.
Nielson – Arrêtez. On dirait des gamins.
Larry – Tu vas le regretter.
Mathilde – Et tu vas me faire quoi ?
Larry fonce sur Mathilde et les deux continuent de se chamailler.
Nielson – Vous voulez pas faire ça à l’appart ?
Larry et Mathilde l’ignorent.
Nielson – Vous me faites honte.
Ils continuent ainsi pendant dix minutes avant de se calmer.
Larry – Ouha ! Ça fait du bien.
Mathilde – Tu as du répondant.
Nielson, soufflant – Pas trop tôt, je commençais à m’ennuyer moi.
Larry, tapotant l’épaule de Mathilde – Allez, on rentre.
Et ils rentrent.