Le job de mes rêves – Épisode 14
Nielson a de nombreuses idoles dans le domaine de la musique. Tous de grands guitaristes. Il n’avait jamais caressé l’espoir d’atteindre un tel niveau lui-même, mais il se donnait à fond. Aussi, lorsque sa chance se présenta, il ne s’enflamma pas. Il ne pensait pas pouvoir atteindre les sommets, pas avec la chanson qu’il venait de composer. Mais avec une autre… qui sait…
Épisode 14 – Le studio d’enregistrement
Jour 28 – 10h – Devant la boutique de Kurt :
Nielson attend impatiemment Kurt qui doit l’emmener jusque chez l’Éditeur. Kurt se faisait attendre. Il sortit enfin de la boutique.
Kurt – Désolé de l’attente. Mon remplaçant avait du retard.
Nielson, impatient – Pas de soucis, allons-y maintenant.
Kurt – Du calme, y’a pas le feu. On a pas rendez-vous.
Nielson – Pas rendez-vous ? Tu comptes te pointer comme ça ?
Kurt – J’ai dit que je passerai dans la journée avec un nouveau talent, t’en fais pas, je les ai prévenu.
Nielson – Et c’est loin ?
Kurt – On y est presque.
Nielson, ne comprenant pas – Quoi ? Mais on a pas bougé.
Kurt – Exactement. C’est juste en face.
Nielson – Tu pouvais pas me dire « en face de ma boutique » plutôt que de me faire poireauter ici ?
Kurt – Bah on sait jamais, je préfère t’accompagner.
Les deux jeunes hommes traversent la route et se retrouvent devant le Studio d’enregistrement.
Nielson, regardant l’apparence du bâtiment – C’est… pas du tout ce à quoi je m’attendais.
Kurt – C’est pas un gros studio, je te préviens.
Nielson – Tant que je peux y enregistrer ma chanson.
Kurt – Mais oui, ils vont t’adorer. C’est exactement le style qu’ils recherchent. Enfin je crois.
Nielson – Rassurant.
Kurt – On rentre ?
Nielson – J’attends que ça.
Kurt ouvre la porte et laisse rentrer Nielson en premier. Nielson découvre l’intérieur. Un couloir avec des dizaines de disques accrochés.
Nielson, rassuré – Là c’est exactement ce à quoi je m’attendais.
Kurt – On va aller voir le patron d’abord.
Nielson – Je te suis.
Kurt s’avance dans les couloirs. Il semble perdu.
Nielson – Tu es sûr de savoir où c’est ?
Kurt – Je suis pas venu ici depuis un moment.
Nielson – Ce qui explique pourquoi j’ai jamais entendu parler de ton groupe.
Kurt – Eh ! Je t’arrête tout de suite. On est en train de composer un morceau, ça va être un succès, c’est certain.
Nielson, ironique – Je n’en doute pas.
Kurt – Je crois qu’on est arrivé.
Nielson, lisant le nom sur la porte – Eddy Marty ?
Kurt – Oui, pourquoi ? Tu le connais ?
Nielson – Non, mais ça fait très… américain.
Kurt – Son vrai nom c’est Édouard. Mais ne lui dis pas, il déteste ça.
Nielson – Édouard Marty ? En effet, ça sonne pas bien du tout.
Kurt frappe à la porte.
Eddy – Entrez.
Kurt ouvre la porte. Un homme aux cheveux courts est assis derrière un bureau. Kurt et Nielson rentrent.
Kurt – Salut Eddy !
Eddy – Kurt ! Quel bon vent t’amènes ?
Nielson, tout bas, à Kurt – Il est pas au courant que je suis censé être là ?
Kurt – Tu te souviens, je t’avais parlé d’un jeune talent ?
Eddy – Ah ! Oui, tu devais l’amener, c’est vrai. Enchanté.
Nielson, lui serrant la main – Moi de même.
Eddy – Tu as une maquette à me faire écouter ?
Nielson, à Kurt – Tu ne lui as pas fait écouter ?
Kurt, à Nielson – Non, je n’ai pas eu le temps.
Eddy – Y’a pas de soucis, je vais l’écouter ici.
Nielson – Et bien, c’est Kurt qui a ma maquette.
Kurt, gêné – Ah ! Mince, je l’ai oublié à la boutique.
Nielson, tout bas, désespéré – C’est pas possible, quelle organisation de merde.
Kurt – Je reviens tout de suite.
Kurt s’en va en courant. Silence gêné durant quelques minutes.
Nielson – Il est toujours tête en l’air, comme ça ?
Eddy – Toujours.
Nielson – Et ça n’est pas gênant pour enregistrer ses chansons ?
Eddy – Pourquoi croyez-vous qu’il joue ne fait que des petits concerts ?
Nielson – Je vois maintenant pourquoi.
Kurt revient, essouflé.
Kurt, essayant de reprendre son souffle, un disque à la main – Le voilà.
Eddy, prenant le disque et le mettant dans son ordinateur – Et bien voyons ça.
La musique commence et le producteur semble satisfait.
Nielson – Vous en pensez quoi ?
Eddy – C’est pas mal. Vous l’avez enregistré vous même ?
Nielson – Oui, avec mon équipement.
Eddy – Et qui sont les autres musiciens ?
Nielson – Il n’y a que moi. J’ai superposé les pistes ensuite.
Eddy – Impressionnant. La plupart des clampins qui viennent ici ne sont capables que de faire quelques accords en général.
Nielson regarde Kurt à côté de lui qui est dans le vague.
Nielson – Si je veux que ce soit bien fait, je préfère le faire moi même. Tous ceux que je connais n’ont pas les connaissances ni la capacité technique pour jouer avec moi.
Eddy – Un peu présomptueux.
Nielson – Non, c’est juste que je ne connais pas d’autres musiciens.
Eddy – Forcément !
Nielson, désormais confiant – Et maintenant ?
Eddy – Maintenant, nous allons voir ce que ça donne au studio d’enregistrement. Vous avez amené votre instrument j’espère.
Nielson, touchant l’étui dans son dos – Bien sûr.
Eddy – Alors on est parti.
Eddy accompagne Nielson et Kurt jusqu’au studio. Une fois là bas, Nielson s’installe.
Eddy – Vas-y, fais nous écouter ce que ça donne en live.
Nielson – C’est parti.
Nielson joue et fait très vite une fausse note.
Nielson – Excusez-moi, je vais recommencer.
Eddy – Prend ton temps.
Nielson – On est reparti.
Nielson recommence sa chanson et perd le fil en plein milieu.
Nielson, embarrassé – Excusez-moi encore.
Eddy – C’est normal, le stress et tout.
Kurt – Allez, montre nous ce que tu as dans le ventre.
Nielson – Si ça continue, je vais vraiment vous le montrer et ça va pas être beau.
Kurt – Quoi ? J’ai pas compris.
Eddy – Il veut dire qu’il va vomir, idiot.
Kurt – Dégueulasse.
Nielson – Allez, on est reparti.
Nielson se remet à jouer, fait quelques fausses notes mais continue et arrive à la fin sans trop de problèmes.
Eddy – Et bien c’est pas mal.
Nielson – J’étais bien ?
Eddy – On va voir ça. Réécoutons.
Eddy passe la bande et un grésillement en ressort.
Eddy – Oh ! Je crois bien que j’ai merdé avec l’enregistrement.
Kurt – Il faut vraiment que tu le fasses à chaque fois…
Eddy – Tu peux nous en refaire une petite ?
Nielson – S’il le faut. C’est parti.
Nielson joue sa chanson, cette fois sans aucune fausse note.
Eddy – Parfait ! C’est dans la boîte.
Nielson, satisfait de sa prestation – Et maintenant ?
Eddy – Maintenant tu peux rentrer chez toi, je n’ai plus qu’à demander l’accord final. Et si je l’ai, on pourra sortir ta chanson. Je te recontacterai lorsque j’en saurais plus.
Nielson – Vous voulez mes coordonnées ?
Eddy – Bien sûr, sinon pour te recontacter ça va être compliqué.
Les trois retournent dans le bureau d’Eddy. Nielson note ses coordonnées.
Eddy – Voilà, je fus ravi de te rencontrer.
Nielson, plein d’espoir – Pas autant que moi.
Kurt – On va te laisser bosser, à la prochaine Eddy !
Ils se saluent et Kurt et Nielson sortent du bureau.
Nielson – J’ai été comment ?
Kurt – Parfait !
Nielson – Tu trouves ?
Kurt – Je pense que tu n’as pas de soucis à te faire.
Nielson – Peut-être que c’est ma chance.
Kurt – Peut-être. Je te laisse, je dois retourner à la boutique.
Nielson – À la prochaine fois !
Kurt – Et bonne chance !
Kurt s’en va et Nielson reste seul.
Nielson, à lui même – Pourquoi est-ce que j’ai un mauvais pressentiment ?
Nielson rentre alors chez lui.
Jour 30 – 15h – À l’appartement :
Nielson est au téléphone avec le producteur pour sa chanson.
Eddy – Je suis désolé, mais ça ne va pas être possible.
Nielson – Je croyais que c’était bon.
Eddy – Mais ils n’ont pas donné leur accord plus haut.
Nielson – J’y crois pas.
Eddy – Ce ne sera pas cette fois que tu pourras atteindre les sommets de la gloire.
Nielson – Merci quand même.
Nielson raccroche.
Nielson, déprimé – Je le savais. Je me doutais qu’il y avait anguille sous roche.
Nielson regarde autour de lui. Personne. Il s’enferme dans sa chambre.