Le job de mes rêves – Épisode 13

Nielson ne plongea que tard dans le milieu de la musique, durant la fin de son adolescence. Il commença, comme la plupart, par la guitare, puis se lassa. Il essaya ensuite la basse. Il en eut vite marre. La batterie, il avait un peu mal ce qui le découragea. Le synthé, il était doué mais ne persévéra pas. Il revint à la guitare. Et il tourna ainsi, entre ces différents instruments, durant des années. Il était doué avec tous désormais mais changeait assez vite pour ne pas se lasser. C’est ainsi qu’il composa sa chanson.

Épisode 13 – Le disque

Jour 26 – 14h – Devant une boutique de disque :

Mathilde et Nielson attendent devant la boutique.
Nielson, déçu – Qu’est-ce qu’on fait là ?
Mathilde – Je t’avais parlé de mon ami, tu te souviens ?
Nielson – Oui, mais je comprends pas ce qu’on fait là.
Mathilde – Bah, on va dans sa maison de disque, et tu lui fais écouter ta chanson.
Nielson, désespéré – Mathilde, est-ce que tu sais ce que c’est qu’une maison de disque ?
Mathilde, sûre d’elle – Ben, c’est là où on achète des disques.
Nielson, prenant Mathilde en pitié – Non, ma grande, une maison de disque est l’endroit où tes chansons se font enregistrée, éditée. Après seulement elles sont vendues dans des boutiques.
Mathilde – Oh ! Et c’est quoi la différence ?
Nielson – La différence c’est qu’il n’y a personne ici qui pourra m’aider à sortir ma chanson au grand public.
Mathilde – Mais si, je t’ai dit que mon ami pouvait t’aider.
Nielson – Je vois pas comment.
Mathilde – Il fait de la musique aussi. Il s’appelle Kurt.
Nielson, résigné – Bon, rentrons, ça coûte rien.
Mathilde et Nielson rentrent dans la boutique. Un homme se tient au comptoir. Mathilde va le voir.
Mathilde – Salut Kurt !
Kurt – Salut ma rouquine préférée !
Mathilde – Je suis la seule que tu connais.
Kurt – Mais tu es quand même ma préféré.
Mathilde – Kurt, faut que je te présente mon colocataire, Nielson.
Kurt – Ah ! Oui, tu m’as déjà de lui. Le flemmard qui est fan de cinéma ?
Mathilde – Non, ça c’est Larry.
Kurt – Donc c’est l’autre, le musicien. Enchanté Nielson.
Nielson s’approche pour lui serrer la main.
Nielson – Moi de même.
Kurt – Qu’est-ce qui vous amène dans mon magasin ?
Mathilde – Nielson a écrit une chanson, je me demandais si tu pouvais pas l’aider.
Nielson – Je reste convaincu que ça ne sert à rien.
Kurt – Eh ! J’ai entendu. Tu veux quoi ? Des avis objectifs sur ton travail ?
Nielson – Pas vraiment. De ce côté là, c’est bon.
Mathilde – Il voudrait faire un single avec.
Kurt – Ambitieux le petit.
Nielson – On a le même âge.
Kurt – Oui, mais tu es encore un petit dans le monde de la chanson.
Nielson – Parce que ce n’est pas ton cas.
Kurt – Mon groupe en est à son deuxième album.
Nielson, les yeux ronds – Ton… ton groupe ?
Mathilde – Je te l’avais pas dit ?
Nielson, la regardant avec les mêmes yeux ronds – Non, tu as omis ce détail.
Kurt – Je peux la faire écouter à mes contacts, si tu veux.
Nielson – Oui, je veux. Mais tu es dans quel groupe ?
Kurt – Les « wild grizzlis ». Mais on est pas encore très connu.
Nielson – En effet, j’en ai jamais entendu parlé.
Mathilde – On dirait le nom d’un des films pourris de Larry.
Kurt – On monte les feux de la rampe petit à petit.
Nielson – Très petit à très petit, surement.
Kurt – Un peu de respect. Et ça te dérange si j’écoute ta chanson ?
Nielson, lui tendant le disque – Fais toi plaisir.
Kurt se met un casque sur les oreilles et insère le disque dans son ordinateur.
Mathilde, à Nielson – Tu vois ? Je te l’avais dit.
Nielson – J’ai eu peur au début. Surtout vu son look.
Kurt – C’est pas parce que j’ai un casque sur les oreilles que je n’entend pas.
Nielson – Avoue qu’on dirait un rockeur has been.
Kurt, menaçant – Tu veux que je t’aide ou pas ?
Nielson – Bon, je retire ce que j’ai dit.
Kurt – Ta chanson a un bon son. Mais tu devrais retravailler tes paroles.
Nielson, se tripotant le menton – Laisse-moi réfléchir… Non.
Kurt – Comme tu veux.
Mathilde – Et donc, tu peux l’aider ?
Kurt – Je vais faire écouter ça à mon patron, on verra ce qu’il en dit.
Kurt range le CD derrière le comptoir.
Nielson – Tu penses que j’ai une chance ?
Kurt – J’ai vu des types qui ne savent ni jouer, ni chanter et qui sortaient un single.
Nielson – C’est pas faux.
Mathilde – Bon, Nielson, je veux pas te presser mais je dois aller à mon stage.
Nielson – C’est vrai, j’avais oublié.
Mathilde – Kurt, je te dis à la prochaine fois !
Kurt – Castagne-les rouquine !
Nielson – À très vite !
Nielson et Mathilde partent de la boutique.

Jour 26 – 18h – À l’appartement :

Nielson et Mathilde lisent un livre dans le canapé. Larry rentre du travail.
Larry – Alors les feignasses ?
Nielson et Mathilde ne disent rien.
Larry – Oh ! Vous m’ignorez ?
Nielson – Non, mais tu as parlé de feignasses donc ça s’adressait pas à nous.
Larry – Tu avais très bien compris de qui je parlais.
Mathilde – Oui, mais c’est plus drôle de te faire te sentir con.
Larry – Vous êtes cruels.
Nielson – La poêle et le chaudron tu connais ?
Larry – J’ai pas dit que je ne l’étais pas. Et sinon, votre journée ?
Nielson – Avec Mathilde on est allé voir pour ma chanson.
Larry – Ah ? Et alors ?
Nielson – On a rencontré un type qui est dans un groupe. Les « wild grizzlis ».
Larry – Tiens, c’est le nom d’un nanar.
Mathilde – Tu vois, je te l’avais bien dit.
Larry – Et il est d’accord pour t’aider ?
Nielson – Il va la faire écouter à son éditeur.
Larry – Tant mieux.
Mathilde – Ensuite il m’a accompagné à mon stage pour gardes rapprochés.
Larry, compatissant, à Nielson – Tu t’es pas trop ennuyé ?
Nielson – J’avais pris de quoi m’occuper.
Larry – Heureusement pour toi.
Mathilde – Eh ! Des mecs qui se castagnent, c’est pas si ennuyeux.
Larry et Nielson regardent ailleurs, l’air de rien.
Mathilde – En tout cas, le prof m’a dit que je me suis bien débrouillé.
Nielson – Enfin, ça s’était avant que tu ne l’assommes accidentellement.
Mathilde – J’ai pas pu retenir mon mouvement.
Larry – Au moins, il va se souvenir de toi.
Nielson – C’est clair, tu l’as marqué. Au sens propre.
Larry – Et tu dois faire ça pendant combien de temps.
Mathilde – Plusieurs semaines. J’espère que la testostérone ne va pas trop m’étouffer. Je suis la seule fille.
Nielson – À un stage pour être garde du corps ? Étonnant !
Larry – Il faut t’imposer parmi eux dans ce cas.
Mathilde – Pas un problème, je me débrouille mieux que la plupart.
Nielson – D’après ce que j’ai vu, y’en a qui ont des mains gauche.
Larry – « Mathilde, garde du corps ». Pourquoi tu y as pas pensé avant ?
Mathilde – Bah ! Je sais pas. Mais mieux vaut tard que jamais.
Nielson – Quand je serai une star de la chanson, tu seras ma garde du corps ?
Mathilde – Et puis quoi encore ? Tu te débrouilles.
Larry – Ça c’est envoyé. Et puis, c’est pas comme si il allait devenir une star.
Nielson – Oui, je serai déjà étonné que l’autre me rappelle.
Mathilde – Mais si, il est de confiance.
Nielson – On verra bien.
Le téléphone sonne. Mathilde va décrocher.
Mathilde – Allô ? Salut Kurt. Attends, je te met sur haut-parleur.
Kurt – … de soucis. Dis moi quand c’est fait.
Mathilde – C’est fait.
Kurt – Nielson est là ?
Nielson – Je suis là.
Larry – Moi aussi je suis là.
Mathilde – Mais toi on t’a rien demandé.
Kurt – Larry, je suppose. Enchanté.
Larry – Pas encore, pour moi.
Kurt – Très aimable… Bon, Nielson, j’ai appelé mon éditeur.
Nielson – Déjà ?
Kurt – Oui, et justement il recherche de nouveaux talents. Si ça t’intéresse, tu pourras passer à la maison d’édition.
Nielson – Bien sûr. Quand ça ?
Kurt – Dans deux jours. Viens à la boutique à 10h. Je t’accompagnerai.
Mathilde – Je peux venir ?
Kurt – Bien sûr. Pourquoi pas.
Larry – Et moi ?
Kurt – Si tu veux.
Larry – Ah ! Dans ce cas, je suis enchanté aussi.
Kurt – Il est toujours comme ça avec ceux qu’il ne connait pas ?
Mathilde et Nielson, ensemble – Oui, hélas.
Kurt – Dans ce cas, on se voit après-demain.
Nielson – À plus !
Mathilde raccroche le téléphone.
Larry – Au fait, c’était qui ?
Mathilde – Mon ami musicien.
Larry – Tu as un ami musicien ?
Mathilde – Tu as écouté la conversation au moins ?
Larry – Non pas du tout.
Nielson, à Mathilde – Pourquoi tu es surprise ?
Mathilde – C’est pas faux.
Larry – Et donc, on doit aller où après-demain ?
Mathilde et Nielson, ensemble – Abruti !
Mathilde lui explique alors. La soirée se termine alors tranquillement.

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