Le job de mes rêves – Épisode 12
Larry a vécu tout sa jeunesse baignée dans le monde de l’informatique du fait des métiers de ses parents, web designer pour le père, responsable d’un service informatique pour la mère. Aussi, le jeune homme n’a pas l’habitude d’être coupé du monde, de l’électricité ou d’internet. Il aime garder un contact avec ce milieu d’une certaine manière.
Épisode 12 – La panne
Jour 22 – 10h – À l’appartement :
Nielson est devant la cafetière. Mathilde devant son ordinateur portable.
Nielson, intrigué – C’est normal que la cafetière marche pas ?
Mathilde – Elle est presque neuve, donc non.
Nielson – Tu as réussi à te faire un café toi ?
Mathilde – J’ai pris des céréales.
Nielson, encore plus intrigué – Et c’est normal que le micro-onde n’indique plus l’heure ?
Mathilde – Non, mais ça explique pourquoi la cafetière ne marche pas.
Nielson – Comment ça ?
Mathilde – Bah, y’a plus de courant, banane.
Nielson – Depuis combien de temps ?
Mathilde – Aucune idée.
Nielson, regardant la porte de la chambre de son colocataire – Larry est à son travail ? Ça me fait bizarre de dire ça.
Mathilde – Encore plus bizarre de l’entendre. Je ne sais pas, je ne l’ai pas vu.
Larry sort de sa chambre, apparemment encore à moitié endormi.
Nielson – Quand on parle du loup.
Larry, baillant – Salut ! Il est quelle heure ?
Mathilde – Je dirais… 10h environ.
Larry, réveillé d’un coup – Quoi ?
Nielson – Les réveils fonctionnent plus, y’a plus de courant.
Larry, paniqué – Je suis en retard, vous pouviez pas me prévenir ?
Mathilde – On vient de s’en rendre compte.
Larry – Je reviens, je vais me préparer.
Nielson – Vas-y. Mais tu as pas besoin de nous le dire, on s’en doute.
Larry, parti, n’a pas écouté.
Mathilde, moqueuse – Tu parles aux courants d’air ?
Nielson – Apparemment !
Larry revient, habillé, coiffé.
Larry – Voilà, je m’attarde pas.
Mathilde, stupéfaite – Déjà ? C’est pas possible. Comment tu fais pour te changer aussi vite.
Nielson – Des mois que j’essaye de comprendre, j’y suis toujours pas arrivé.
Larry – À force de se préparer au dernier moment, j’ai développé un certain savoir-faire. Sur ce, je vous laisse.
Larry sort en courant.
Nielson – La dernière fois que je l’ai vu gambader comme ça, c’était… bah jamais en fait.
Mathilde – Il doit l’aimer ce travail.
Nielson, soupirant – Jusqu’à ce qu’il gâche tout.
Mathilde – Comme d’hab !
Nielson – Et pour une fois qu’il arrivera en retard sans que ce soit de sa faute.
Mathilde, se levant – Bon, j’appelle l’électricien.
Nielson – Je t’en prie, fais.
Mathilde prend son téléphone portable.
Mathilde – Allô ? Oui, j’aurais besoin d’un électricien. J’habite au… oui, je patiente.
Nielson – Tu me tiens au courant ? Je vais sur le balcon.
Nielson sort sur le balcon.
Mathilde – Allô ? Oui, j’aurais besoin… oui… c’est bien où j’habite. Et il n’y a plus… Ah bon ? Tout le quartier ? Et quand… ? Pas avant 15h ? Très bien. Je vous remercie. Au revoir !
Mathilde raccroche et s’installe dans le canapé. Nielson revient.
Mathilde – Je viens d’avoir le responsable.
Nielson – Laisse-moi deviner. La panne est générale au quartier et ils ne pourront pas réparer cela avant 15h.
Mathilde, impressionnée – Comment tu sais ça, toi ?
Nielson – J’ai croisé De Moyron sur le balcon.
Mathilde, fouillant dans sa mémoire – Qui ?
Nielson – Notre voisin.
Mathilde, ayant eu un déclic – Ah ! C’est vrai.
Nielson – Que comptes-tu faire d’ici là ?
Mathilde – Continuer mes lettres de motivations.
Nielson, ironique – Passionnant !
Mathilde – Et toi ?
Nielson – Finir ma chanson.
Mathilde – D’accord ! Mais dans ta chambre.
Nielson, agacé – Je m’y attendais. Ma musique n’est pas appréciée.
Mathilde – On croirait entendre Larry.
Nielson – Ne m’insulte pas, s’il te plait.
Mathilde et Nielson rigolent. Nielson rentre dans sa chambre. Mathilde pianote sur son ordinateur.
Jour 22 – 15h – À l’appartement :
Nielson et Mathilde sont dans le canapé. Quelqu’un frappe à la porte.
Mathilde, étonnée – Les électriciens sont ponctuels maintenant ?
Nielson – Ce doit être un démarcheur.
Mathilde se lève pour aller ouvrir. Derrière la porte se trouve le gérant de l’immeuble.
Gérant – Désolé de vous déranger. J’ai cru comprendre que vous non plus n’aviez plus d’électricité.
Mathilde – Tout à fait.
Gérant – Je viens d’avoir la compagnie d’électricité. Ils ne pourront régler le problème avant demain.
Nielson – C’est bien notre veine.
Gérant – Désolé de la gêne occasionnée.
Mathilde – Ce n’est pas votre faute.
Nielson – C’est surtout Larry que ça va déranger.
Gérant – Je vous laisse, j’ai les autres locataires à prévenir.
Mathilde – Au revoir.
Mathilde ferme la porte avant que le gérant n’ait le temps de répondre.
Mathilde, gênée – Oups. J’espère qu’il ne va pas mal le prendre.
Nielson, ironique – Mais non, penses-tu. Il adore se faire claquer la porte au nez.
Gérant, à travers la porte – Ne vous en faites pas, je ne l’ai pas mal pris.
Mathilde – Excusez-moi, je ne l’ai pas fait exprès.
Silence.
Nielson – Tiens, toi aussi tu parles aux courants d’air.
Mathilde, avec un grand sourire – Je t’emmerde.
Mathilde revient s’assoir dans le canapé.
Mathilde – Il n’y a rien à faire. J’ai fini mon dernier livre.
Nielson – Tu lis trop vite, en même temps.
Mathilde, curieuse – Et ta chanson ?
Nielson – Terminée. J’en suis assez fier.
Mathilde – Tu me fais écouter ?
Nielson, sec – Non.
Mathilde – Tu n’oses pas ?
Nielson – C’est que je n’ai pas tous les instruments ici.
Mathilde – Si tu veux, mon frère connait quelqu’un qui travaille dans une maison de disque. Tu pourras lui passer un disque avec ta chanson.
Nielson – J’ai aucune chance.
Mathilde – Forcément, si tu raisonnes comme ça.
Nielson, se résignant – Bon, j’ai compris. Je vais essayer de mettre ça sur un disque.
Mathilde – Comme tu veux, je t’oblige pas.
Larry entre, pose ses affaires et s’assoient dans le canapé. Nielson et Mathilde sont surpris.
Nielson – Tu es déjà rentré ?
Larry – Oui, on a terminé plus tôt.
Mathilde – Donc tu arrives en retard, et ils te permettent de partir plus tôt ?
Larry – Oui, c’est ça.
Mathilde – Je veux travailler là-bas moi aussi.
Larry – Tu tiendrais pas une journée.
Larry prend la télécommande et essaye d’allumer la télévision.
Larry, regarde la télécommande dans tous les sens – Y’a plus de piles ?
Nielson – Nan, plus de courant, je te rappelle.
Larry – C’est toujours pas réparé ?
Mathilde – Pas avant demain.
Larry, les mains et le regard vers le ciel – Nooooooooooon !
Nielson, à Mathilde – Il le prend plutôt bien.
Mathilde, à Nielson – Je m’attendais à pire.
Larry – Mais c’est une catastrophe.
Nielson – Une soirée sans télé, ça va pas te faire de mal.
Larry – Mais il y avait un film que je voulais voir.
Mathilde – Quel film ?
Larry – Le dernier Batman.
Nielson, réfléchissant – Tu l’as pas déjà vu ?
Larry – Douze fois, et alors ?
Mathilde, stupéfaite – Impressionnant. Et tu veux le revoir à nouveau ?
Larry – Sans hésiter.
Nielson – Et bien ce sera pour une autre fois.
Larry – Et qu’est-ce que je vais faire ?
Mathilde – Il existe d’autres activités plus saines.
Larry – Comme quoi ?
Mathilde – Lire.
Nielson – Faire une balade.
Mathilde – Faire du sport.
Larry, avec un air de dégoût – Vous êtes pas bien. Il ne me reste plus qu’à m’isoler et me recroqueviller sur moi-même.
Nielson – T’exagères pas un peu ?
Larry se lève et va dans sa chambre.
Mathilde – Il a pas l’air d’exagérer.
Nielson – C’est un drogué de la technologie.
Mathilde – Et nous, on fait quoi ?
Nielson – On se tourne les pouces.
Mathilde se tourne les pouces.
Mathilde – C’est chiant ton truc.
Nielson, réfléchissant – Dans ce cas, soirée jeu de société, à la bougie.
Mathilde – Ce serait mieux avec l’autre énergumène.
Nielson – Je crois qu’on n’arrivera pas à le faire bouger de son lit.
Mathilde – Je tente quand même.
Jour 22 – 15h30 – Chambre de Larry :
Larry est recroquevillé sur lui-même sur son lit.
Larry, tout bas – Technologie. Technologie. J’en ai besoin.
Mathilde rentre.
Mathilde – Si t’es pas trop occupé, ça te tente une soirée jeu de société ?
Larry saute de son lit, frais comme un gardon.
Larry – On est parti.
Larry et Mathilde retournent dans le salon pour commencer les jeux de société.