Le job de mes rêves – Épisode 1

Cette série littéraire relate les aventures personnelles et professionnelles des trois jeunes amis, camarades depuis leurs études universitaires, vivant ensemble dans un appartement et se retrouvant avec une vie professionnelle en échec.
Larry, 26 ans, passionné de cinéma, possédant un Doctorat en microbiologie, sans emploi.

Nielson, 27 ans, excellent musicien, diplômé d’un Master en mathématiques, chauffeur de taxi.
Mathilde, 24 ans, mordue de littérature européenne, avec un Doctorat en pharmacie, standardiste.

Épisode 1 – Le premier jour

Jour 1 – 18h – dans l’appartement :

Larry est assis dans le salon. Nielson rentre dans l’appartement.
Nielson – Aaaah ! C’est bon de rentrer chez soi.
Larry – Journée difficile ?
Nielson, étonné – Non, pas du tout. Pourquoi tu dis ça ?
Larry – Oh ! Pour rien. T’étais pas allé bosser ?
Nielson – Non, je suis allé voir du monde, faire un tour en ville, au bar, les trucs habituels quoi.
Larry – Et ben, la belle vie.
Nielson – Et toi, ça fait longtemps que tu es assis sur ce canapé ?
Larry – Probablement plusieurs heures.
Nielson – Tu vas finir par te faire avaler par les coussins et disparaître à tout jamais.
Larry – J’attends de voir.
Nielson – Tu devrais faire quelque chose de plus constructif comme… j’sais pas moi, trouver un travail ?
Larry – J’ai regardé dans le journal ce matin. Y’avait rien d’intéressant.
Nielson, insistant – Vraiment rien ?
Larry – Bah… je suis pas tellement intéressé par le striptease… enfin, à le pratiquer tout du moins.
Nielson – Tu devrais faire un effort, bientôt tu pourras plus payer ta part du loyer.
Larry – C’est facile à dire pour toi, tu as un job.
Nielson – Mais j’ai fait des efforts pour l’avoir. Et puis chauffeur de taxi avec les études que j’ai faite, c’est pas spécialement glorieux.
Larry – Un jour on sera embauchés dans un endroit bien plus classe.
Nielson – En attendant je dois me coltiner les geignards qui veulent parcourir la ville et toi toutes les feuilles de chou sous la main pour trouver un travail.
Larry – Tu radotes là. Mais je veux pas finir comme toi ou Mathilde avec un job à la con. Je préfère attendre et trouver un truc bien.
Nielson – Tu risques de finir grisonnant avant de trouver ce que tu cherches. Donc en attendant, tu vas devoir le prendre ce job à la con.
Larry – Ça me ferait mal.
Nielson – Mais tu as pas trop le choix, tu sais. Et au fait, Mathilde est pas encore rentrée de son nouveau boulot ?
Larry – Je ne crois pas.
La porte s’ouvre. Mathilde rentre.
Nielson – Ah bah si. La voilà.
Larry – Quand on parle du loup.
Mathilde claque la porte.
Mathilde, énervée – Boulot de merde…
Nielson – J’en déduis que ta première journée s’est bien passée.
Mathilde, encore énervée – T’imagines même pas. C’est franchement mortel le job de standardiste. J’ai dû passer toute la journée au téléphone.
Larry – C’est un peu le principe du boulot non ?
Mathilde, toujours énervée – Ouais, mais dès le premier jour ça me saoule. Et toi tu as trouvé du boulot ?
Larry – Ah ! Non. Tu vas pas t’y mettre aussi. Je trouverais un boulot quand j’en trouverai un.
Nielson, pince-sans-rire – Ah ! Ah ! Je me marre.
Mathilde – Bon, assez parlé boulot. Ça me saoule.
Larry – C’est si horrible que ça ?
Mathilde – J’ai même pas eu le temps de lire mon nouveau bouquin pendant les pauses.
Nielson et Larry, la regardant avec des yeux ronds – Oh-mon-Dieu-quelle-horreur-comment-as-tu-fait-pour-survivre ?
Mathilde – Vous avez pas bientôt fini de vous foutre de moi ?
Larry – Pourtant c’est ce qu’on fait le mieux.
Nielson – Et on aime ça. Et puis, si on se rabaissait pas entre nous, qu’est-ce qu’il nous resterait ?
Mathilde – Un sens moral ?
Larry – Complètement inutile ce truc.
Mathilde – C’pas faux. Et puis c’est pas comme si je le faisais pas moi non plus.
Nielson, un sourire au coin des lèvres – Entraine-toi sur tes collègues, histoire de te faire bien voir.
Mathilde – J’ai déjà commencé. D’ailleurs y’en a une qui a failli me foutre une baffe.
Larry – Tu as été vache à ce point ?
Mathilde – C’est marrant que tu dises ça, il se trouve que c’est exactement le surnom dont je l’ai affublé. Et les autres m’ont imité, j’ai réussi mon coup, j’étais contente de moi. Et puis c’est pas comme si j’allais m’éterniser là-bas. Je devrais recevoir une lettre de confirmation bientôt pour un taf de chercheur dans un super labo privé.
Nielson, en réfléchissant – Je crois bien qu’elle est arrivée, il me semble l’avoir vu en allant chercher le courrier.
Mathilde – Tu auras pu commencer par ça. Donne-la moi.
Nielson parcourt le courrier.
Nielson – C’est pas celle-là, celle-là non plus, tiens le facture d’électricité, vous allez devoir débourser.
Larry – Je suis pas sûr d’avoir assez, tu pourras m’avancer ?
Nielson – Hors de question, tu te débrouilles.
Mathilde, impatiente – Bon dépêche-toi.
Nielson – Tiens, la voilà.
Nielson tend l’enveloppe à Mathilde.
Mathilde – Quelle lenteur ! C’est étonnant que t’aies encore des client.
Nielson – Ferme-la et ouvre-la.
Mathilde ouvre l’enveloppe.
Mathilde – …
Larry – Quel suspense ! Elle va encore être refusée je suis sûr…
Mathilde – Mais ta gueule !
Nielson – Alors, verdict ?
Mathilde – J’ai été refusée… les enfoirés.
Larry, jubilant – Ahah ! J’ai gagné. Nielson, tu me dois 20 euros.
Nielson – Et toi tu m’en dois 200, alors je vais juste les déduire de ta dette.
Larry – Rhôôô ! Tu fais chier.
Mathilde, fronçant les sourcils – Vous avez parié là-dessus ?
Nielson – Ça t’étonne ?
Mathilde – Non, mais vous auriez pu me laisser parier aussi.
Larry – On y pensera la prochaine fois. Et j’ai l’impression qu’en attendant tu vas devoir te coltiner la vache encore un peu.
Mathilde – Pas grave, j’me défoulerai sur elle.
Nielson, regardant l’horloge – Oh ! J’avais pas vu l’heure, faut que j’aille bosser.
Mathilde – Tu vas bosser maintenant ?
Nielson – Bah ouais. J’aime bien rouler de nuit et puis je suis pas allé bosser ce matin. C’est ce que j’aime dans ce boulot, je peux travailler quand je veux.
Larry – Et tu aimes te foutre de la gueule de tes clients bourrés.
Nielson – Aussi, mais ça faut pas le dire, ils vont me fuir après.
Mathilde – Bon, bah à demain alors.
Nielson – Ouais, à demain. Et Larry, n’oublie pas de chercher un job.
Larry – J’irai au Pôle emploi demain.
Nielson – Alors n’oublie pas que ça ferme tôt.
Larry – C’est vrai, j’y pensais plus. Je me serais retrouvé comme un con devant l’entrée fermée.
Mathilde – Mince, pourquoi tu lui as rappelé ? Ça aurait été marr…
Nielson ouvre la porte et sort.
Mathilde – Ah ! Bah il est parti.
Larry – Le vent que tu t’es pris.
Mathilde – Je m’en fous. Mais une porte ça se ferme.
Mathilde ferme la porte.
Mathilde – Fais voir la facture.
Larry – Et ben, ça fait mal au porte-monnaie.
Larry montre la facture d’électricité à Mathilde.
Mathilde – Effectivement, tu vois l’intérêt de trouver un travail ?
Larry – Je vois.
Mathilde, soupirant – J’suis crevée. J’ai pas envie de retourner au boulot demain.
Larry – T’arrêtes pas de te plaindre… Moi au moins j’ai pas ce problème.
Mathilde – Je pourrais me faire passer pour malade.
Larry – Pour ton deuxième jour ? Bonne idée… Surtout que tu sais que tu iras.
Mathilde, dépitée – Je sais… Au fait y’a quoi à la télé ce soir ?
Larry – Le salaire de la peur.
Mathilde – Il est vieux comme Mathusalem ce film non ? Il est pas en noir et blanc ?
Larry – Si, il l’est. Et il est pas si vieux que ça. Et ça n’empêche que c’est un très bon film.
Mathilde – Ça me tente pas trop, je préfère aller lire.
Larry – Tu ne sais pas apprécier un bon film comme moi.
Mathilde – En même temps, tu es un vrai cinéphile.
Larry, hésitant – Et toi, tu es… une livrophile.
Mathilde, ironique – Ouha ! Quel vocabulaire, c’est impressionnant…
Larry – Oh ! Commence pas, va donc à ta lecture. J’ai pas besoin de livre quand j’ai un magnifique film à portée de main.
Mathilde – C’est ton choix.
Larry – Et je l’assume.
Mathilde, haussant la voix – Putain ! Nielson a encore laissé sa guitare dans le passage. J’ai failli marcher dessus.
Larry – Heureusement que tu ne te plains pas à chaque fois qu’il laisse trainer un de ses instruments, sinon on t’entendrait souvent… Enfin, plus que d’habitude.
Mathilde – Je la laisse là, il se débrouillera pour la ranger demain.
Larry – Tu n’as pas écouté ce que j’ai dit ?
Mathilde – Si, mais je préfère t’ignorer. Bonne nuit ! Et n’oublie pas de trouver un travail.
Larry – Vous êtes saoulant avec ça. Et je vais d’abord commencer à chercher. Ensuite, je trouverais. Mathilde – À ce train là, les coussins vont finir par t’avaler.
Larry – J’ai déjà entendu ça quelque part, mais où et quand ?
Mathilde – Si tu le dis. À demain !
Larry – À demain !

Larry, soupirant – Et encore une soirée tout seul. Heureusement que j’ai un bon film pour compenser. Mais quand même, vivement que j’aie une copine.
Mathilde – C’est pas en restant dans ce canapé que tu vas t’en trouver une.
Larry, surpris – Tu es là depuis quand ? T’es pas en train de lire ?
Mathilde – J’avais soif.
Larry – Et puis, je sors pour rencontrer des gens.
Mathilde – Une fois par an… Et tu essayes de draguer avec ton « Doctorat fraichement acquis » ?
Larry – Exactement, ça fait son effet.
Mathilde – Mais elles sont pas refroidies pas le « sans emploi » et l’année sabbatique en cours ?
Larry, confus – Euh… si, un peu, je dois l’admettre.
Mathilde – C’est pas étonnant, les filles n’aiment pas les fainéants. Essaye de pas en parler la prochaine fois.
Larry – C’est bon à savoir, je note.
Mathilde – C’est du bon sens voyons.
Larry – Pas pour tout le monde.
Mathilde – Tu ferais mieux de t’y mettre plus activement pour trouver un job et une fille.
Larry – D’accord, mais après le film.
Mathilde – Tu devrais pas remettre ça à plus tard mais au final c’toi qui vois, je t’aurai prévenu.
Larry – T’en fais pas, j’y arriverai.
Mathilde – On verra bien.
Larry – Le film commence. Tais-toi.
Mathilde – Toujours aussi aimable.
Larry – Chuuuut !

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